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Dès/ordre
(1)
R éalisé par les français Cécile
Commandré et Pavel Bolgarev
A l’entrée,
nous pouvons voir quatre colonnes composées chacune de 3
cubes de grillage à l’intérieur duquel se trouve
des blocs de pierres blanches. Entre les deux colonnes des extrémités,
se trouvent deux haies de charme obstruant la vue des visiteurs.
De même au milieu, aucune vue n’est possible puisque
quatre colonnes collées les unes aux autres forment un mur.
Seul un passage de chaque côté de ce mur est envisageable
afin d’entrer dans le jardin. De chaque côté
de ce mur de colonnes se trouvent deux autres colonnes isolées.
La disposition des colonnes sera sensiblement la même tout
au long du jardin de manière à former quatre lignes
de colonnes si l’on se place en bas du jardin. Dans cette
partie, la présence du végétal est uniquement
matérialisée par deux bandes de gazon reliant le mur
de colonne aux deux colonnes suivantes. On a aussi sur la quatrième
ligne une bande de gazon mêlé à une végétation
plus spontanée. Aussi sur cette même ligne, on constate
une colonne manquante remplacée par une simple dalle où
vient se coller une petite tâche de gazon. La deuxième
partie du jardin est constituée de colonnes non plus constituées
par trois mais par deux cubes qui pour certains d’entre eux
sont sur le point de tomber. Dans le fond du jardin, on peut voir
que les cubes sont complètement submergés par la végétation
(sauvage) et les seuls cubes encore apparents sont éventrés
et presque vidés de leur contenu. Le jardin dès/ordres
est installé sur une pente. Les végétaux présents
dans le fond sont tous des espèces sauvages acclimatées
pour le jardin.
Lorsque l’on entre dans ce jardin, la première impression
ressentie est une impression de stupéfaction provoquée
par les colonnes aux strictes. Ce sont notamment ces mêmes
colonnes qui imposent par leur taille (dépassant celle de
l’homme), on imagine ce moment le poids d’une telle
structure. Aussi, ces cubes normalement utilisés comme moyen
de drainage dans les pentes sont ici utilisés à des
fins uniquement esthétiques. Une certaine unité est
dons présente (provoquée par des colonnes de cubes
identiques les unes aux autres).
On recense jusqu’à la présence presque majoritaire
de matériaux comme le fer, la pierre, seul trois bandes de
gazon et quelques végétaux grimpants sont présents.
C’est donc après avoir dépassé le mur
de colonnes que le jardin se dévoile, on ressent à
ce moment l’impression de désordre, provoquant un contraste
immédiat avec la première partie du jardin. A cet
instant, on voit très nettement que le végétal
prend une place de plus en plus importante par rapport aux matériaux.
Sur le bord du jardin, on voit une boule de gazon mêlée
à des végétaux grimpants reliant encore une
fois deux colonnes de cubes, idée de progression par rapport
à l’autre boule. Plus on avance et plus la végétation
occupe et recouvre la colonne éventrée. On a alors
le sentiment d’une domination végétale et non
plus matérielle comme cela était le cas dans la première
partie du jardin.
D’un point de vue plus général, on voit une
masse végétale verte aux lignes souples engloutissant
les matériaux.
Les colonnes qui semblaient être stables petit à petit
dégringolent. Cette idée est renforcée par
la pente du terrain et les cubes penchés près à
tomber. La régularité est ici brisée par l’idée
du chaos mise en avant par le fouillis du fond du jardin entre les
matériaux et les végétaux.
L’organisation dans ce jardin est donc basée sur l’idée
ordre/désordre mise en évidence par la première
et deuxième parties. L’idée mise en avant est
liée à l’appauvrissement de la végétation
puisque si l’on se positionne dans le fond du jardin que l’on
remonte, le végétal (sauvage), au début abondant,
s’estompe peu à peu pour finir en une bande de gazon
rectangulaire, propre.
Ludovic Amy
Végétaux utilisés :
- Linaria cymbalaria
- Rubus idaeus
- Saxifraga spatularis umbrossa
- Betula utilis.
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